jeudi 26 avril 2018

Une femme et sa fille renvoyées en Grèce


Témoignage

« J’ai vécu en Grèce de 2005 à août 2016. Je suis avec ma fille de 8 ans qui va à l’école.

J’ai dû fuir mon pays après un mariage forcé. Mon mari me violentait. Le voyage a été difficile. J’ai vécu dans des conditions précaires à Beyrouth au Liban, puis en Syrie, puis j’ai pu rejoindre la Grèce.
Là, j’ai rencontré quelqu’un et nous nous sommes mis ensemble. Il est le père de ma fille. Au début ça allait, mais depuis 2013, la situation s’est dégradée. Je ne trouvais plus de travail alors qu’avant il m’arrivait de faire des ménages, ce qui nous aidait. Mon mari n’avait pas de poste fixe non plus. Il trouvait occasionnellement à la journée. Il gagnait très peu d’argent comme laveur de voitures, ou comme vendeur de babioles pour touristes dans les rues à Athènes, l’été. Nous n’avions plus de quoi payer le loyer qui était de 150 euros pour notre part, dans un appartement que nous partagions avec d’autres, un couple et deux célibataires. Nous avions une chambre pour nous et nous partagions la cuisine et la salle de bains. Nous n’avions pas de chauffage en hiver.
Il nous est arrivé d’être à court d’argent et de devoir quitter l’appartement. Nous nous sommes retrouvés plusieurs fois à la rue avec notre fille, à devoir dormir dans un parc jusqu’à ce que mon mari parvienne à réunir à nouveau l’argent nécessaire. D’autres fois, nous avons pu passer quelques nuits dans une église avec d’autres gens. Pour la nourriture, nous nous rendions dans une organisation qui distribue des repas une fois par jour. La nourriture n’est pas chère en Grèce. Notre problème, c’était le loyer. Du jour au lendemain, nous pouvions nous retrouver à la rue et cette menace s’est réalisée plusieurs fois. En outre, nous n’avions pas d’assurance maladie et nous n’avions pas accès aux soins médicaux. Après la naissance de notre fille, j’ai fait deux fausses couches. Je devais prendre des injections chaque jour pour garder la grossesse, mais il était impossible d’acheter le produit qui aurait coûté 20 euros par jour. Pour la consultation médicale et l’analyse de sang, nous n’avons pas pu payer et ce sont des compatriotes qui nous ont donné de l’argent, à l’église protestante.
Nous avions un document de séjour, mais il a expiré en mars 2017. Nous n’avions droit à aucune aide sociale. Nous avons été contraints de quitter la Grèce parce que nous ne trouvions plus de quoi vivre. Nous ne voulions pas rester dans la rue avec notre enfant. C’est très dangereux pour les femmes. Il y a beaucoup de viols et de prostitution forcée parmi les migrantes qui ne sont pas avec un homme ou une famille pour les protéger.

Maintenant, j’ai perdu la trace de mon mari. Il a quitté en premier pour essayer de se rendre en Angleterre. Il m’a appelée une fois depuis la France puis plus rien. J’ignore où il se trouve et j’ai rempli une fiche de recherche auprès de la Croix-Rouge dans l’espoir de le retrouver. Je suis sans nouvelles depuis bientôt deux ans.
Nous sommes arrivées ma fille et moi en Suisse en août 2016. Le SEM a ordonné notre renvoi en Grèce en décembre. C’est impossible pour moi de retourner là-bas. Je n’ai aucun soutien, aucun moyen pour vivre et l’État ne nous a pas aidés quand nous y étions. Je ne veux pas me retrouver dans la rue avec ma fille. Elle va à l’école maintenant. Elle parle et elle lit le français. Sa place est ici. »

Les personnes qui ont obtenu un statut en Grèce sont renvoyées sur la base des accords bilatéraux de réadmission entre la Suisse et la Grèce qui, contrairement aux accords de Dublin, ne prévoient aucun délai de réadmission. De sorte que la décision de renvoi du SEM semble éternelle et place la requérante et sa fille dans des conditions de vie précaires en Suisse, où elles sont tributaires de l’aide en nature distribuée par l’EVAM, sont privées de toute autonomie économique et vivent dans l’angoisse et la peur d’être brutalement arrêtée au centre de l’EVAM au petit matin par un bataillon de policiers en uniforme, armés et chargés de les escorter de force jusqu’à Athènes, où elles seraient relâchées, à charge pour elles de se débrouiller pour trouver un abri, de la nourriture et transporter leurs affaires.

Il nous paraît inconcevable qu’une femme et sa fille de 8 ans soient renvoyées en Grèce où il est largement connu et documenté que les étrangers qui ne parviennent pas à se procurer les moyens pour vivre restent livrés à eux-mêmes et ne reçoivent pas d’aide sociale. Cette situation crée un climat de violences de rue et l’apparition de mafias de différentes nationalités qui vivent de recel, chantages, extorsions auprès des membres de leur propre communauté, et de prostitution forcée des femmes sans soutien de famille.


mardi 17 avril 2018

Les enfants ont droit à une protection spécifique ! Manifestation pour la protection des réfugié·e·s mineur·e·s mardi 24 avril 17h30


Inquiet·e·s de la dégradation de leurs conditions de travail et de la situation de grande détresse des jeunes mineur·e·s non accompagné·e·s hébergé·e·s dans les centres EVAM, des éducateurs et éducatrices tirent aujourd’hui la sonnette d’alarme : un enfant, quel que soit son statut légal, a besoin de protection et de conditions de vie spécifiques à son âge.
De nombreux jeunes, arrivé·e·s en Suisse pour demander l’asile après un parcours souvent traumatisant, sont hébergé·e·s dans des structures inadaptées : le taux d’encadrement est toujours plus faible (il arrive qu’un·e seul·e adulte doive accompagner 35 jeunes !) et il est difficile pour les éducateurs et éducatrices de mettre en place des projets éducatifs adaptés. Les employé·e·s de l’EVAM sont soumis à des pressions constantes et se sentent dévalorisé·e·s dans leur travail, pourtant indispensable.
La logique de protection des enfants, quel que soit leur statut légal, doit primer sur la logique économique. Une simple question de bon sens… que les autorités vaudoises n’ont pourtant pas.
Le collectif Droit de rester soutient pleinement les revendications des éducateurs et éducatrices de l’EVAM. Depuis trop longtemps, nous dénonçons les logiques de répression qui règnent à l’EVAM, au détriment du bien-être des personnes qui devraient y trouver un accompagnement et un accueil. 

Manifestons mardi 24 avril dès 17h30 à la Place du Château, Lausanne, pour soutenir les mineur·e·s demandant l’asile et les éducateurs et éducatrices qui les accompagnent.

dimanche 15 avril 2018

Pétiton pour Dzmitry Toustsik, Alena Tolstik et leurs deux filles Daria et Uliana


Monsieur Dzmitry Toustsik et Madame Alena Tolstik et leur fille Daria (9 ans) sont arrivés en Suisse en janvier et en avril 2012. Leur fille Uliana (5 ans) est née en Suisse. Ils sont originaires de Biélorussie. Ils ont fui leur pays en raison de leurs activités de militants politiques contre le gouvernement biélorusse, dictature qui punit sévèrement les opposants.
Depuis 2012, ils sont recherchés activement par la police biélorusse et tout laisse craindre qu’ils seront arrêtés dès leur arrivée en Biélorussie. Des mandats d’arrêt ont été émis contre eux. En effet selon le droit pénal biélorusse, le fait de deposer une demande d’asile dans un autre pays peut constituer une infraction pénale et donc une condamnation pour une peine privative de liberté.
En juillet 2014 le SEM a rejeté leur demande d’asile. Depuis cette date, plusieurs demandes de réexamen ont été addressées au SEM et au TAF, mais les autorités suisses les ont toujours rejetées, malgré les risques d’arrestation en cas de renvoi en Bielorussie et les problemes médicaux de Mme Tolstik et ses filles.
L’état de santé de Mme Tolstik est très inquitant, elle a fait plusieurs hospitalisations en mileu psychiatrique et elle se trouve actuellement encore à l’hôpital. Elle souffre d’un trouble dissociatif, d’une dépression sévère et d’un stress post traumatique suite à un viol commis sur sa personne par les forces de l’orde biélorusse. Elle est enceinte d’une troisème enfant qui devrait naître vers la fin du mois de juin. Vu ses problème de santé, il s’agit d’une grossesse à risque.
Tout le réseau médical s’est mobilisé pour avertir les autorités des problèmes de santé de Mme et de ses filles. Mais les autorités restent sourdes et s’acharnent pour les renvoyer. M. Toustsik a été mis en prison administrative début 2017, puis toute la famille assignée à résidence. Le 29 juin 17, 15 policiers ont fait irruption à 5h du matin chez eux pour les renvoyer. S’ils ne l’ont pas été, c’est que la violence de cette arrestation a provoqué une grave décompensation du couple qui a dû être hosptitalisé.
Toute la famille parle très bien français. Les deux filles sont scolarisées, M. Toustsik est bénévole au sein de la Croix rouge et il a déjà un contrat de travail qu’il pourra honorer lorsqu’il aura une autorisation de séjour.
Nous, soussigné-e-s, demandons au Grand Conseil du canton de Vaud et au Conseil d’Etat de ne pas exécuter le renvoi de la famille Toustsik de et de leur donner un permis de séjour stable. 

ou téléchargez la version papier 

Sur la situation en Biélorussie
un série d'émissions de la rts
un dossier d'Amnesty
Des articles (en russe) sur le site de la famille

Droit de rester pour Mme Delgerbat et son fils Batat

Madame Mungunchimeg Delgerbat vit en Suisse depuis 7 ans. Son fils Bat, âgé de 11 ans, vit avec elle. Ils ne peuvent rentrer en Mongolie.
Madame Delgerbat occupait un poste dans l’administration militaire. Elle a dénoncé la corruption de son chef qui occupe aujourd’hui un poste important dans le gouvernement. Suite à des menaces, ils ont dû quitter le pays. Ils ont des raisons de craindre des représailles encore maintenant.
Madame Delgerbat parle couramment le français. N’ayant rapidement plus eu droit à des cours de français dansle cadre de l’EVAM, elle a appris cette langue toute seule. Si bien qu’elle a passé avec succès l’examen de langue
pour entrer à l’université. Elle a la volonté de terminer des études en Sciences de l’environnement pour mieux servir son pays d’accueil.
Tous les deux sont intégrés de manière remarquable et sont estimés par leur entourage.
Bath est scolarisé depui s 7 années dans une école communale de Montreux. Bat est un garçon fragile qui a vécu déjà beaucoup de séparations, avec son père et son pays d’origine. Son médecin considère qu’il faut absolument le préserver d’un nouveau déracinement. Il a passé plus de temps de sa vie en Suisse qu’en Mongolie et ne parle pas le mongole.Aujourd’hui cette mère et son fils sont menacés d’être renvoyés en Mongolie, un pays dangereux pour eux.

Merci de soutenir Mungunchimeg et son fils en suspendant leur renvoi et en leur donnant un permis de séjour stable.

Signez la pétition en ligne: http://droitderester.strikingly.com/